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15 décembre 2019 7 15 /12 /décembre /2019 17:21

Cher jeune, je m’adresse à toi sans être médecin ni moraliste, juste pour te poser une question indiscrète.
Où en est-tu personnellement avec l’alcool ?
Combien de soirées mondaines as-tu passé dernièrement sans en consommer une quantité importante?
Penses-tu être capable de t’amuser en société sans alcool ?
En résumé, est-tu certain d’être libre de boire ou pas ?
Quand j’étais adolescent, la recherche de plaisir immédiat justifiait à mes yeux de « m’éclater » comme je voulais avec l’alcool, la drogue ou les filles.
C’est quand j’ai voulu changer de vie et me stabiliser, après des années de désordres que j’ai choisi d’arrêter la drogue. La prière, les sacrements et une discipline de vie que je n’avais jamais eu jusque-là m’ont fortement aidé. Pour autant, il m’a fallu rompre avec des relations et un état d’esprit, tenir cet engagement jour après jour et chasser de mon esprit la diabolique illusion de pouvoir que procure un stupéfiant. Pour m’y aider, j’ai rempli mon existence de rapports humains sérieux et sans artifices, d’une vie spirituelle digne de ce nom et d’une saine activité physique. Parvenir à connaître la joie et les satisfactions concrètes de véritables relations humaines m’a fait prendre conscience du gâchis qu’il y aurait à y renoncer pour une satisfaction dérisoire.
Malheureusement, l’alcool est sournoisement venu se substituer à la drogue, au cours de soirées amicales et, trop souvent, entre catholiques.
Cette tendance à s’appuyer sur une béquille chimique ne concernait pas que les jouisseurs invétérés et les faibles sans caractères, mais aussi des personnes qui avaient une haute idée de la liberté mais qui oubliaient leur propre nature et les exigences nécessaires pour parvenir à être libre.
Quand je commettais un excès de boisson, je m’en confessais, mais quand l’excès était devenu une habitude, que faire ?
L’illusion de transformer artificiellement la réalité et les relations sociales existe réellement avec l’alcool et il est trop sous-estimé. Je ne parle pas du verre de vin qu’on boit à table, mais de ceux qu’on descend en refaisant le monde, sur lesquels on s’appuie pour, croit-on, communiquer avec les autres et dont on refuse de voir qu’on est peut-être devenu dépendant.
On  riait un peu apitoyés de celui qui avait franchi la ligne rouge alors que, nous-mêmes, nous n’étions pas forcément du bon côté de celle-ci.
Nous chantions sans complexe des chansons populaires qui vantaient l’ivresse du vin, entre deux pèlerinages et une vie sincèrement pieuse.
Combien d’entre nous avaient une consommation réellement excessive, menaçant leur vie et celle de leurs familles, faiblesse destructrice qu’on ose enfin nommer l’alcoolisme ?
C’est sa dignité et son véritable bien que l’être humain met en danger  avec l’alcool, ce qui est beaucoup plus grave que ce qu’en dit une « morale hygiéniste » qui dénonce l’abus d’alcool en ne considérant l’être humain qu’en fonction de son utilité à la société ou d’un bien-être hédoniste.
Le pouvoir que procure l’alcool est avant tout une illusion humaine, un mensonge spirituel, comme la drogue. Je ne relativise pas la dangerosité des stupéfiants, mais je sais d’expérience que les sensations y sont proches de celles de  l’alcool, que la nature humaine s’y égare aussi bien et que les deux tuent très sûrement.
Il existe tant de difficultés à affronter, des vies surchargées, des rapports humains incertains, la peur de l’avenir, des angoisses intimes, et à portée de notre main un produit magique si commode pour décompresser.
Mais est-ce vraiment si efficace que cela ?
Est-ce que réellement nos problèmes vont disparaître comme par enchantement, noyés dans la boisson ?
Est-ce qu’une vie peut se résumer à travailler et consommer, à jouir et se « sentir bien » ?
Qu’est-ce qui donne réellement un sens à notre vie ?
Dieu est-il présent dans notre cœur, ordonnons-nous notre existence à un plus grand bien, à travers toutes les vicissitudes et les tentations ?
Qu’est-ce qui guide nos choix quotidiens pour que nous ne subissions pas la médiocrité vers laquelle nous tire constamment notre fragilité ?
Nous ne pouvons espérer échapper aux tentations disposées en permanence devant nous sans nous appuyer sur une exigence morale soutenue la grâce de Dieu.
Où trouver l’estime de soi qui manque à tant de nos contemporains sans se savoir aimé par Celui qui nous as créés libres pour pouvoir l’aimer en retour ?
Et ainsi se regarder avec suffisamment de délicatesse et voir dans les autres assez de bienveillance et de grandeur pour fuir toute illusion qui brouillerait nos relations et nous pousserait à tricher et mentir avec des artifices chimiques qui nous renfermeraient sur nous.
Notre dignité d’enfant de Dieu, créé libre pour pouvoir le connaître et l’aimer ne peut supporter cet enfermement sur soi, cette dévalorisation, ce mensonge qui occupe notre corps et notre esprit. Et dans lequel se noieront certains d’entre nous.
L’alcool nous enferme dans l’illusion stérile d’un mensonge quand Dieu nous ouvre à la fécondité de la vie.
L’humilité de reconnaître notre condition et de nous confier à la miséricorde de Dieu est le moyen spirituel efficace pour préserver ou reconquérir notre dignité que nous ne devons rien laisser la mettre en danger.
La liberté des enfants de Dieu est à ce prix. 

Dominique Morin

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